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Palais de Justice : Qui corrompt qui ?

5 Octobre 2013

Mardi 1er octobre 2013. Le Président Boni Yayi a reçu M. Ousmane Batoko, président de la Cour suprême du Bénin. Le Président de la Haute Juridiction était allé porter au Chef de l’Etat en sa qualité de Président du Conseil supérieur de la Magistrature son invitation à la cérémonie solennelle consacrant la rentrée judiciaire de la Cour suprême le 31 octobre prochain.
Coup de tonnerre : Le Président Boni Yayi a saisi l’occasion de cette audience pour attirer l’attention du président de la Cour suprême sur la nécessité de rendre la justice béninoise plus proche des justiciables. Pire, Boni Yayi dénonce la corruption galopante en milieu judiciaire qui ternit l’image de la justice et décrédibilise ses décisions.
Le chroniqueur voudrait comprendre. Qui corrompt qui au palais de Justice ? Un pavé à peine lancé dans la marre des magistrats. Faut-il croire les propos du Chef de l’Etat qui font état de ce que la corruption en milieu judiciaire est galopante ? Le Président de la République n’est pas que chef du gouvernement. En la matière, il est le Président du Conseil supérieur de la Magistrature. On peut supposer qu’il ne s’émeut point en parlant de la corruption au sujet des magistrats. L’affirmation est grave. Elle est à la fois une provocation et un défi. Pour le Président du Conseil supérieur de la Magistrature, » la corruption en milieu judiciaire ternit l’image de la justice et décrédibilise ses décisions « . Il faudrait en déduire que Boni Yayi ne croit plus aux décisions des magistrats. Alors même qu’il est garant de l’exécution des décisions de justice, on se doit d’affirmer qu’il y a une crise de confiance entre le Président du Conseil supérieur de la Magistrature et les tribunaux.
La preuve est la rançon des droits. Le Président de la République ne peut pas affirmer sans démontrer. D’où les interrogations suivantes qu’il convient de formuler invitant le Président du Conseil supérieur de la Magistrature à y répondre:
1. Quels sont les faits, gestes et actes qui attestent que les magistrats du Bénin sont corrompus ?
2. Pourquoi le Président du Conseil supérieur de la Magistrature n’instruit pas des dossiers à sa connaissance pour examen par le conseil ?
3. La perception du Président de la République est-elle une rumeur ou une information ?
4. Pourquoi le Président de la République, encore Président du Conseil supérieur de la Magistrature, ne verse pas les éléments tangibles dont il serait en possession à l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption ?
En vertu de la maxime latine necessitas probandi incumbit ei qui agit, la règle générale est que » la nécessité de la preuve incombe à celui qui se plaint « . La charge de la preuve est normalement du ressort de la partie qui dépose une plainte. Le Président de la République sait très bien qu’il n’est pas un citoyen ordinaire en ce sens que sa responsabilité sociale fait de lui un homme dont la parole est suffisamment étayée. A moins de vouloir faire comme son ex ministre en charge de la Justice pour finir par se confondre en excuses.
L’allusion du Président de la République est à peine voilée. Le contexte est bien connu. Il s’agit de celui lié aux affaires de supposées tentatives de coup d’Etat et d’empoisonnement dont il serait victime. En cette matière, il ne s’agit pas d’affirmer. Il faut prouver. Sans quoi, répéter une rumeur revient à ternir soi-même sa propre image.

Herbert Houngnibo

http://www.lapressedujour.net/?p=28786

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